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chapitre v



La coloration des mots



Je sais bien que les décadents ont pour expliquer leur obscurité une théorie merveilleuse : leurs vers ne paraissent obscurs qu’à ceux qui ne savent pas les comprendre, faute d’être initiés aux mystères de la poésie décadente qui est, paraît-il, en même temps un art et une science fort difficiles. Selon eux, les mots ont des couleurs, et leur théorie est née de ces vers de Baudelaire :

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme le hautbois, verts comme les prairies ;
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expression des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,