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chapitre vi



Les verbes nouveaux



L’aliéné, qui se débat dans l’impuissante nuit de son délire, cherche l’étrange, croyant ainsi nous offrir du nouveau. Il crée des verbes nouveaux, trouvant ceux qui ont cours surannés et incapables de rendre sa pensée. Et sous ces falbalas, sous ce clinquant de mauvais aloi, il cache le vide de sa pensée et de son cœur. Il croit ainsi tromper nos yeux, alors qu’il se trompe et se séduit lui-même.

Il y a de cela, beaucoup de cela chez les décadents. Ils veulent nous éblouir par l’étrangeté ou la magnificence du verbe. Ils habillent le néant ou le décousu de leurs conceptions de brillants