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Page:Laurent Tailhade - La Noire Idole - Leon Vanier editeur - 1907.djvu/14

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pilules d’opium brut, tout comme les bars versent du gin ou du whisky.

On entre dans la morphine par deux chemins inégalement semés de fleurs. Les uns, dans le but légitime d’accoiter leurs souffrances, ont recours aux vertus du terrible stupéfiant ; d’autres y cherchent impudemment une sensation de plaisir, un bien-être que le docteur Ball a qualifié, le premier, d’euphorie. Mais, quelle que soit la porte ouverte sur cet enfer, par la thérapeutique ou l’appétit des sensations nouvelles, pareille est la damnation. « La Noire Idole », comme Quincey appelait sa carafe de laudanum, ne lâche pas sans d’incroyables efforts les dévots qu’elle a conquis.



Quel est donc ce philtre magique, cet élixir de mort qui vend si cher ses prétendus bienfaits ? Sans remonter à Dioscoride, au médecin Andromachus, calmant les crises épi-