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Page:Laurent Tailhade - La Noire Idole - Leon Vanier editeur - 1907.djvu/21

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l’action humaine. Pour tout dire, l’alcoolique est un impulsif, le morphinomane, un inhibé.



Dans la plupart des cas, la morphinomanie est un mal réservé, comme la goutte, aux heureux du monde. C’est un péché de luxe. À part les victimes du bistouri, les opérées des gynécologues, les unsexeds qui traînent leur blessure éternelle ; à part les maniaques professionnels : médecins, apothicaires, sages-femmes, le principal effectif des toxicomanes se recrute dans le monde salarié de la galanterie. Les belles-de-nuit, leurs stupides clients, qui ne satisfont plus les vins ruineux, les liqueurs de flamme, condimentent de poisons leurs mornes caravanes, pratiquent un régime d’alcaloïdes : morphine, cocaïne, héroïne, plus ou moins soutenu.

Le docteur Georges Dumas, soupant au café Sylvain, près d’un morphinomane en « état de besoin », a vu l’une des péripatéti-