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Page:Laurent Tailhade - La Noire Idole - Leon Vanier editeur - 1907.djvu/23

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Loris B… qui, de Naples à Pétersbourg, de Londres à Constantinople, dissipa vingt fortunes en princières orgies. Ayant épuisé les inventions d’une débauche capable de satisfaire Julie ou Messaline, elle se tourna vers les plantes vénéneuses, fut en peu de temps une toxicomane de la grande portion. À l’état normal, prodigue, payant ses plaisirs avec une libéralité d’impératrice, elle devenait, sous l’influence du pavot, une maîtresse de maison économe jusqu’à la pingrerie, épluchant les factures, grondant ses domestiques pour le plus minime débours, lésinant sur le blanchissage, attentive à la desserte, râleuse, en un mot, comme la dernière des bourgeoises. En « état de besoin », sa complexion véritable reprenait le dessus. Elle gaspillait de plus belle et se donnait à prix d’or les moins honnêtes distractions.

Il s’en faut de beaucoup, néanmoins, que tous les morphinomanes soient membres des cercles aristocratiques, habitués des grands bars, riches demi-mondaines comme cette