Page:Laurent Tailhade - La Noire Idole - Leon Vanier editeur - 1907.djvu/41

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Peut-être convient-il de situer l’état de désir (G. Dumas) à cette minute crépusculaire. Le besoin a disparu, la morphine a cessé de faire partie intégrante de la vie organique. Absorber du poison n’est plus un besoin vital. Mais, dans la dépression qui le domine, comment l’évadé ne songerait-il point aux décevants baisers de la fiole coutumière ? Il faut, alors, une tension permanente pour fuir l’appel intérieur et ne désirer plus l’injection béatifiante. Ce désir, néanmoins, s’efface peu à peu, quand l’organisme est suffisamment affranchi du poison, régénéré. D’où la nécessité de prolonger la cure pendant un assez long terme. Le « Démon de la perversité » n’a rien à voir avec cela ; mais quand la menteuse vigueur de la morphine a disparu, tandis que la force naturelle se fait encore attendre, comment ne point évoquer le magistère qui, sans lutte ni retard, donne — il est vrai pour un formidable escompte — l’alacrité des sens et la jeunesse de l’esprit ? D’ailleurs, nul ne parcourt la Forêt « muette de lu-