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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/128

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L’ÉCRIN DU RUBIS

jamais rencontré que des appétits déchaînés, pressés de se mettre à table, trop indifférents à l’apparat du couvert et à la magnificence des cristaux où l’ivresse leur était servie.

La sculpturale perfection de ses formes, le marbre éblouissant de sa chair sous la flamme incandescente de ses grands yeux noirs, exaspéraient à ce point le désir que la possession avait toujours fait d’elle, même avec les femmes à qui elle s’était livrée, la joie d’un rut glouton qui la déshabillait sans ménagement, la jetait nue sur le lit, la tordait à crier sous ses morsures, et ne lui laissait cependant, dans la prostration d’une sensation aiguë comme une douleur physique, que le regret de ses enivrements solitaires.

Il ne faut pas les entendre de ce désordre de la nymphomanie, où suivant l’expression du poète :

…tant de doigts blancs, d’un effort solitaire,
Grattent l’écorce du plaisir.

Loin d’y débrider le tumulte des sens en des excès qui n’ont plus rien de commun avec la volupté, elle n’y recherchait, au contraire, que les jouissances de l’imagination dans une délectation où elle était à elle-même l’objet de ces molles rêveries qui nous retiennent dans les cercles mystiques des frivolités de la Femme. Il n’y avait plus rien de charnel dans son plaisir où elle ne touchait à l’extase que par la seule force des images sur ses sens.