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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/141

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ment de ses jupes manœuvrées avec habileté, je parvenais même à m’enfouir sous les frondaisons du Paradis que chacune de ces mille beautés anonymes recelait dans les orbes de son travesti. Je me sentais diluée dans le vertige de ces chairs odorantes surgies sous ma main de l’épaisseur des robes relevées. Bousculés et roulés par un courant sans fin, traînes princières, vertugadins, paniers, crinolines, jupes de Pierrettes et d’Arlequines, kimonos et tuniques, tour à tour m’engloutirent sous le ciel de leur baldaquin qu’exhaussaient au dessus de mon agenouillement, dans leur accouplement diabolique, gaînées du chatoiement multicolore de leurs bas de soie à coins d’or et d’argent, barrées de jarretières fastueuses ou excentriques, des jambes plantureuses et aoûtées à la Rubens, des jambes grêles et faunesques à la van Dongen, des jambes élancées et fines à la La Gandara, toutes les jambes de cavales en rut du démoniaque sabbat de La Vie Parisienne.

De fragiles culottes aux tons d’ivoire, de rose, d’azur, ou de bouton d’or, enrichies d’incrustations d’anciennes guipures, ombellées à mi-cuisse d’Irlande, d’Angleterre ou de Venise, jetaient à mon visage le souffle chaud de fesses cambrées et rebondies, accentuant la ligne de partage de leurs hémisphères sous la tension de l’étoffe couturée. D’autre arrondissant leur galbe moins farouche dans le fourreau flottant du pantalon fendu, présentaient au baiser la touffe d’ambre soyeuse ou la noire