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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/154

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Le pantalon, c’est l’évocation directe de ce qu’il voile, c’est l’image parlante de ce qu’il a mission de cacher, c’est, dépouillé de son contenu, le modelé d’une forme corporelle troublante entre toutes. Mieux encore que d’être l’écrin de notre rubis, ainsi que dit M. Pierre Dufay dans sa savante et piquante monographie du Pantalon féminin, il est la chose qui enveloppe, qui retient, qui enserre jalousement le lieu du plaisir, qui en garde la charnelle chaleur et les délectables fragrances, nous en rend les harmonieux contours, nous en figure le sentier ombré cheminant le long des deux fourreaux de percale, de linon, de batiste, de soie ou de satin dont l’intersection, bâillante ou couturée, est le dessin le plus polisson qui se puisse imaginer.

Or, il n’est rien à quoi notre esprit soit plus sensible qu’au symbole. Dans le libre jeu qu’y trouve notre imagination, il prend plus d’agrément que dans la perception nette de nos sens. La symbolique des gestes, la mimique, l’art de la Mode procèdent de ce même principe que l’évocation est d’une essence supérieure à la représentation, le signe à la chose signifiée.

C’est si vrai, et il y a une telle vertu érotique dans le symbolisme du pantalon féminin, que sa nouveauté fit presque scandale quand la Mode en essaya le lancement au début de la Restauration. Certes, il datait bien déjà de quelque demi-siècle si l’on s’en réfère à cette liste des personnes venues aux eaux minérales de Spa, en