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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/178

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ments dans la voluptueuse douceur des Malines et des Valenciennes où un ongle carminé mettait parfois la mobilité de son reflet ; il faut enfin avoir joui de son corps dans la volupté du mystère que lui faisait son précieux écrin, pour mesurer à tous ces enchantements perdus nos regrets d’une Mode qui fut, comme le dit M. Octave Uzanne, la dernière expression mythologique de la Femme.

— Oui, Line, je vous entends, il faudra qu’un jour, en une tendre collaboration où la griserie de nos souvenirs et notre sensuel dilettantisme des belles lingeries mettront quelque folie au bout de notre plume, nous nous divertissions à confesser ces élégances évanouies pour leur arracher le secret des émerveillements et des extases qu’elles surprirent. Quelle plus charmante promenade à travers l’évocation des liaisons amoureuses ! Puisque toutes les amours se ramènent au souhait de la possession, diffèrent-elles autrement entre elles que de la part faite à l’imagination dans le plaisir, et aux artifices dont la Femme relève et renouvelle les promesses de son corps ? Ah ! qui nous éveillerait tout ce passé de volupté où en quelques atours surannés, conservés dans les tiroirs des vieux bahuts, sommeille encore l’âme des étreintes, de quel intérêt ne doublerait-il pas ce que nous savons des amours défuntes et des adorations qui se sont cachées sous ces voiles ? Les lettres, les confidences nous donnent bien les secrets du cœur, mais elles taisent soigneusement,