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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/182

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L’ÉCRIN DU RUBIS

maient l’insigne éclat du luxe intime dans ses métamorphoses au cours de ces cinquante dernières années, elles avaient cet intérêt d’évoquer avec des noms célèbres et le souvenir de passions et de débordements connus, je ne sais quelles images des voluptés qui avaient râlé dans ces parures. De Rachel à Wanda de Boncza, dont la garde-robe fut une des plus riches de ce temps et qui laissa cinq cent mille francs de dettes chez ses couturiers, d’Anna Deslion, miss Skittels et toute la bicherie de la fin de l’Empire jusqu’à la petite Pierrette Fleury, une des jolies fleurs maladives des cabarets de Montmartre, de Lola Montès à Alice Ozy, de Rose Pompon à Louise Wéber la Goulue et à Nini Hervé dite Patte-en-l’Air, c’était un étalage de croustillants déshabillés, de voiles d’illusion, de gaînes enrubannées dont les reines de la rampe, des alcôves et du grand écart avaient parfait leurs charmes et où avait brûlé l’encens des adorations mystiques et païennes.

Et je me représentais les délices de quelques ardentes passions qui avaient dû palpiter et s’alanguir dans ces nids de dentelles. Sous mes doigts, tous ces atours secrets me semblaient reprendre vie, s’éveiller de la longue prostration du lendemain des fêtes charnelles. Leur transparence s’emplissait à mes yeux des formes mouvantes qui s’en étaient vêtues à l’heure des amours. Le gorgerin des chemises s’enflait sous les rondeurs du sein et se creusait à la mousse du gousset ; les pantalons