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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/204

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Cette peine, la Mode nouvelle en dispense les amants. En ce temps du record des vitesses, chacun est trop pressé pour perdre une minute à dégrafer des robes savamment compliquées, délacer des corsets, dénouer des jupons ou des jarretières, et attarder le désir aux bagatelles de la porte. L’amour se fait en coup de vent, comme le voyage. Une légère inclinaison de l’épaule, deux bras qui s’allongent le long des hanches en creusant la poitrine, et sur le tapis a coulé sans émoi avec l’aérien fourreau de la robe dont elle était déjà déshabillée, le fluide satin de la chemise-culotte : dans la chambre sans mystère de notre art surréaliste, la Femme est nue et un lit bas anguleux et glacial, mais propice aux conjonctions rapides d’un corps hâtivement culbuté sur les reins, accueille au bord de sa ruelle à courtepointe de brocart noir lamé d’or, l’étreinte du rut de deux chairs faméliques.

La robe courte a emporté toute la poésie de l’amour et cette stylisation des élégances exquises et fastueuses qui s’appliquait à rendre la Femme magique et surnaturelle, en empruntant à tous les Arts, selon le mot de Baudelaire, les moyens de l’élever au-dessus de la Nature pour mieux subjuguer les cœurs et frapper les esprits.

— « En vérité, s’écriait La Vie Parisienne, quand le