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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/235

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L’ÉCRIN DU RUBIS

cheville. Le modèle qu’aventurait mon amie flirtait à la fois avec la coquetterie de la Mode actuelle et la tradition d’une élégance toute Régence. Ce n’était au premier regard qu’une robe de crêpe de Chine arrêtée aux genoux et assurant la garde de ce qu’il est encore de bon ton de couvrir. Mais la jupe qui, dans l’immobilité de la station debout semblait sans malice, était fendue sur le devant depuis la taille avec un fond suffisant pour cacher sous un chevauchement des deux pans la faille troublante pratiquée par la rouerie érotique juste sur la perpendiculaire du divin triangle. Au gré de la coquette et dans les mouvements de la marche et de la position assise, ses deux panneaux flottants s’ouvraient sur le satin très collant d’une culotte de petit maître, bouclée par côté au-dessus du nœud de la jarretière. Rien de mignon et de sensuel comme ce type de Chérubin costumé en fille d’aujourd’hui dont Nicole donnait l’impression en sa robe-culotte d’améthyste pâle.

Bien loin de considérer la jupe comme le dernier préjugé de nos vanités féminines, elle en a rétabli ces fonds exquis dont une dame galante de la Cour de Napoléon III disait à Horace de Viel-Castel qui la complimentait de sa toilette : « J’en ai une bien plus jolie dessous ».

C’est une délectation dont mon amie sent trop vivement le prix pour elle et les autres, pour avoir sacrifié à la grâce garçonnière ce luxe d’atours qui était à notre