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L’ÉCRIN DU RUBIS

délectation morose dont une autre que ma personne me serait le sujet. Et dans ces moments je reste si maîtresse de l’instinct, que je puis le brider dans sa course et lui arracher presque au bout la victoire après l’avoir éperonné jusqu’au sang.

Un des spirituels écrivains de La Vie Parisienne, — ce journal qui, né à l’orée de ce qu’on a appelé les huit années de la grande corruption, constitue le plus édifiant monument où la sensualité moderne ait enregistré ses fastes, — notait, en ce temps où triomphait le style des flamboyants dessous :

« Vous êtes si blasés qu’il faut à votre désir toutes les épices des îles : le poivre des yeux peints et des lèvres fardées, le piment des robes savamment indécentes, le gingembre des corsages provocants, la girofle des démarches prometteuses et lascives, la muscade des riches jupons troussés à la moindre pluie plus haut que le mollet, la cannelle des jupes relevées d’un coup brusque, laissant entrevoir comme dans un éclair les dentelles des pantalons, et, vêtues de soie, les jambes élégantes, ces colonnes du temple. Le simple appareil de la jeune beauté vous laisse sans enthousiasme. À quoi bon découvrir à vos yeux un corps aux lignes harmonieuses ? Vous êtes plus sensibles au balancement des hanches qu’à