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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/41

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L’ÉCRIN DU RUBIS

pointant leurs boutons au-dessous de la mousse d’or pâle du gousset, vous avez dit : « Est-ce bien ainsi ? »

Et sur le lit qui reçut nos enlacements, couvant sous mes jupes votre nudité blanche comme un clair de lune, je trouvai dans l’obstacle de mes propres voiles à étreindre contre ma chair votre chair frémissante, la volupté de vous aimer dans le mirage d’où vous veniez d’éclore.

Le déshabillage est la stance lascive entre toutes du magnifique poème érotique qu’est la Femme. Ce poème, c’est la Mode qui l’écrit chaque jour. Son esthétique tend à une déformation sublime de la nature, suivant le mot de Baudelaire, par le moyen d’une stylisation des lignes corporelles et d’une combinaison de formes, de couleurs et de tissus. Le caractère de chaque mode réside dans le degré de déformation qu’elle impose à la silhouette féminine. Ses artifices visent, pour répondre à la mobilité du désir, à donner sans cesse le change à nos sensations tactiles et visuelles. La Mode n’est ainsi qu’un habile et séduisant mensonge fait à nos sens. Elle nous incite à transférer les qualités d’un objet sensible à un décor qui n’est uni à lui que par un rapport d’idées, à opérer une substitution de celui-ci à celui-là, telle qu’on en jouisse comme d’une réalité. C’est ainsi que la robe