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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/47

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L’ÉCRIN DU RUBIS

aussi avec le cadre où se commettra la faute délicieuse et la nature de l’office qui sera dit.

Mais c’est toujours à sa propre séduction que vise la Femme, c’est à s’éprendre de soi à travers cette image stylisée, surgie de sa parure à laquelle elle s’identifie et qui lui donne l’âcre volupté, même dans les embrassements avec l’homme, de s’aimer en une autre ou d’aimer une autre en elle. Tout le mystère de Narcisse, tout le secret de l’adoration que la Femme a de son corps, ne sont que le mystère et le secret d’une illusion qui nous abstrait de nous-même et nous offre dans la séduction d’une image projetée hors de nous et comme étrangère à nous, l’Idole impersonnelle, chimérique, mais combien vivante, prête dans sa passivité à tous les caprices de notre imagination sensuelle.

C’est dans le mirage de mes premiers atours d’élégance dont on avait marqué mes seize ans, que je connus le premier vertige de la chair. Ni le développement de mes seins, ni le duvet qui avait peu à peu, de son estompe légère, satiné ma nature n’avaient encore attiré mon attention. Je me revois ce jour-là me repaissant devant la glace, du tableau lascif de ma petite personne nonchalamment assise dans une bergère, porte close, rideaux baissés, dégustant à petits traits, dans le silence d’un jour adouci et de la solitude, toute l’impudicité de ma robe relevée. Elle mettait à découvert sous le bouillonnement des volants brodés de ma sous-jupe, mes jambes