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L’ÉCRIN DU RUBIS

chair, voir bâiller la fente et puis occuper mes doigts à l’obturer en glissant de nouveau la chemise entre les plissures d’entre-jambes. Chaussée d’une fine bottine, les bas bien tirés sous le festonnage d’une broderie froncée au genou par le nœud d’un ruban, la taille étroitement ceinturée par le corset, conquise à cette figuration ravissante de la forme charnelle, j’en cherchai dans les plis et les replis, dans les froncés, les sillons, les retroussis et les sinuosités, j’en cherchai, dis-je, l’âme ardente comme le désir confus qui me brûlait en ce moment.

Le parfum de mon printemps sexuel me remonte ainsi par bouffées sous la forme d’images si fortement gravées en moi que leur retour s’accompagne de toutes les sensations du premier moment.

Je me vois un dimanche d’été cachée dans un coin de bosquet avec une de mes amies, aussi naïve qu’elle était jolie. Elle n’avait qu’une quinzaine d’années, mais la précocité avait développé en elle des formes savoureuses. Appartenant à la grande bourgeoisie, élevée par une mère soucieuse d’une élégance de très bon aloi, elle était tenue avec cette coquetterie propre aux gens de naissance qui s’applique encore plus aux détails cachés de la toilette qu’à ses dehors. Nous étions un petit groupe à jouer à cachette et toutes deux nous avions couru au