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L’ÉCRIN DU RUBIS

toujours valu aux officiers, et pour ma part je me rappelle le mot un peu trivial d’une femme à son amant que j’entendis une nuit à travers une cloison de chambre d’hôtel : « Garde ton caleçon, cela m’excite ! »

Quel délicieux florilège on composerait de toutes les dévotions de l’homme pour les atours féminins et qui, de siècle en siècle, s’élèvent vers l’ineffable Idole comme la supplication d’un désir ivre de souhaits que la nature lui refuse. Car il est bien évident que toutes les recherches sensuelles dont on a voulu faire des aberrations coupables ont leur cause unique dans la disproportion du désir « plus mobile que la lumière et plus vagabond que le vent », selon les termes de George Sand, et des faibles moyens que la nature a dévolus à sa satisfaction. Le prétendu tourment d’infini qui emplit de ses cris tous les temps, les rêveries alanguies ou passionnées du xviiie siècle, la mélancolie ardente de l’époque romantique, ne me semblent procéder, sous la stylisation littéraire qui leur a donné figure d’une inquiétude de l’âme devant le grand problème de notre destinée, que de la déception profonde d’un instinct qui ne trouve ici-bas rien à sa mesure, et s’est appliqué éternellement à se créer un monde d’illusions et de chimères. Quelle chose, en effet, plus pâle que l’acte d’amour au regard des voluptés âcres, aiguës, profondes et prolongées à l’infini dont rêve l’imagination, selon « un idéal de fautes surhumaines, comme dit Huysmans, de péchés que l’on voudrait neufs. »