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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/93

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L’ÉCRIN DU RUBIS

venait se nouer en un flot dans le ruché de la dentelle. De cette voluptueuse manchette dont la transparence s’argentait du coloris du bas, descendait comme le pistil d’une corolle renversée, la ligne délicate d’un mollet chantourné à ravir dans le dégradé lumineux d’une soie gris de perle.

Mais la soubrette, après avoir lubrifié le bec d’ivoire d’une huile parfumée, s’était agenouillée entre les jambes de ma mère et, avec une lenteur graduée sur son plaisir, elle avait fait glisser sur leur coulisse les fronces du pantalon. La délicate batiste, tendue en ramures d’éventail le long de cette divine ligne de la conjonction des cuisses étira ses sillons si pleins de polissonnes réticences sur le dernier voile du sanctuaire. La Valenciennes volantant le tour de la chemise fut rabattue sur les reins, et dans l’ovale entrebâillé de la gaîne, apparut un double croissant de chair lunaire perdu parmi les blanches vapeurs du galant retroussé.

Ô poésie des tissus, qui dira le secret de votre ensorcelante magie ? Féerie des voiles, quelles fées vous ont donc tissés et de quels fils est votre trame, pour détenir ainsi dans le mirage de vos ombres et de vos lumières, l’attrait suprême de notre désir ! Hélas ! la langue est impuissante à traduire des sensations aussi subtiles que celles qui tiennent à une griserie d’images, cette stylisation dont la robe et la lingerie relèvent l’éclat de notre beauté, et cet érotisme propre à une simple figuration