Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/141

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immobile et calme, comme le couvercle d’une tombe ! J’avais dit que je voulais défendre l’homme, cette fois ; mais, je crains que mon apologie ne soit pas l’expression de la vérité ; et, par conséquent, je préfère me taire. C’est avec reconnaissance que l’humanité applaudira à cette mesure !


Il est temps de serrer les freins à mon inspiration, et de m’arrêter, un instant, en route, comme quand on regarde le vagin d’une femme ; il est bon d’examiner la carrière parcourue, et de s’élancer, ensuite, les membres reposés, d’un bond impétueux. Fournir une traite d’une seule haleine n’est pas facile ; et les ailes se fatiguent beaucoup, dans un vol élevé, sans espérance et sans remords. Non… ne conduisons pas plus profondément la meute hagarde des pioches et des fouilles, à travers les mines explosibles de ce chant impie ! Le crocodile ne changera pas un mot au vomissement sorti de dessous son crâne. Tant pis, si quelque ombre furtive, excitée par le but louable de venger l’humanité, injustement attaquée par moi, ouvre subrepticement la porte de ma chambre, en frôlant la muraille comme l’aile d’un goëland, et enfonce un poignard, dans les côtes du pilleur d’épaves célestes ! Autant vaut que l’argile dissolve ses atomes, de cette manière que d’une autre.


FIN DU DEUXIÈME CHANT