Aller au contenu

Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus grands génies de l’avenir témoigneront, pour moi, une sincère reconnaissance. Ainsi, donc, l’hypocrisie sera chassée carrément de ma demeure. Il y aura, dans mes chants, une preuve imposante de puissance, pour mépriser ainsi les opinions reçues. Il chante pour lui seul, et non pas pour ses semblables. Il ne place pas la mesure de son inspiration dans la balance humaine. Libre comme la tempête, il est venu échouer, un jour, sur les plages indomptables de sa terrible volonté ! Il ne craint rien, si ce n’est lui-même ! Dans ses combats surnaturels, il attaquera l’homme et le Créateur, avec avantage, comme quand l’espadon enfonce son épée dans le ventre de la baleine : qu’il soit maudit, par ses enfants et par ma main décharnée, celui qui persiste à ne pas comprendre les kanguroos implacables du rire et les poux audacieux de la caricature !… Deux tours énormes s’apercevaient dans la vallée ; je l’ai dit au commencement. En les multipliant par deux, le produit était quatre… mais je ne distinguai pas très bien la nécessité de cette opération d’arithmétique. Je continuai ma route, avec la fièvre au visage, et je m’écriai sans cesse : « Non… non… je ne distingue pas très bien la nécessité de cette opération d’arithmétique ! » J’avais entendu des craquements de chaînes, et des gémissements douloureux. Que personne ne trouve possible, quand il passera dans cet endroit, de multiplier les tours par deux, afin