Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/272

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serment est sacré. Il s’enveloppe majestueusement dans le replis de la soie, dédaigne d’entrelacer les glands d’or de ses rideaux, et, appuyant les boucles ondulées de ses longs cheveux noirs sur les franges du coussin de velours, il tâte, avec la main, la large blessure de son cou, dans laquelle la tarentule a pris l’habitude de se loger, comme dans un deuxième nid, tandis que son visage respire la satisfaction. Il espère que cette nuit actuelle (espérez avec lui !) verra la dernière représentation de la succion immense ; car, son unique vœu serait que le bourreau en finît avec son existence : la mort, et il sera content. Regardez cette vieille araignée de la grande espèce, qui sort lentement sa tête d’un trou placé sur le sol, à l’une des intersections des angles de la chambre. Nous ne sommes plus dans la narration. Elle écoute attentivement si quelque bruissement remue encore ses mandibules dans l’atmosphère. Hélas ! nous sommes maintenant arrivés dans le réel, quant à ce qui regarde la tarentule, et, quoique l’on pourrait mettre un point d’exclamation à la fin de chaque phrase, ce n’est peut-être pas une raison pour s’en dispenser ! Elle s’est assurée que le silence règne aux alentours ; la voilà qui retire successivement des profondeurs de son nid, sans le secours de la méditation, les diverses parties de son corps, et s’avance à pas comptés vers la couche de l’homme solitaire. Un instant elle s’arrête ; mais il est court, ce moment