Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/78

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rais, cousant tes paupières avec une aiguille, te priver du spectacle de l’univers, et te mettre dans l’impossibilité de trouver ton chemin ; ce n’est pas moi qui te servirai de guide. Je pourrais, soulevant ton corps vierge avec un bras de fer, te saisir par les jambes, te faire rouler autour de moi, comme une fronde, concentrer mes forces en décrivant la dernière circonférence, et te lancer contre la muraille. Chaque goutte de sang rejaillira sur une poitrine humaine, pour effrayer les hommes, et mettre devant eux l’exemple de ma méchanceté ! Ils s’arracheront sans trève des lambeaux et des lambeaux de chair ; mais, la goutte de sang reste ineffaçable, à la même place, et brillera comme un diamant. Sois tranquille, je donnerai à une demi-douzaine de domestiques l’ordre de garder les restes vénérés de ton corps, et de les préserver de la faim des chiens voraces. Sans doute, le corps est resté plaqué sur la muraille, comme une poire mûre, et n’est pas tombé à terre ; mais, les chiens savent accomplir des bonds élevés, si l’on n’y prend garde.


Cet enfant, qui est assis sur un banc du jardin des Tuileries, comme il est gentil ! Ses yeux hardis dardent quelque objet invisible, au loin, dans l’espace. Il ne doit pas avoir plus de huit ans, et, cependant, il