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ou l’entrée de toutes les autres. Les premiers habitants, appelés Igneris, hommes mous et efféminés, n’eurent pas le courage de résister aux envahisseurs, qui étaient des Caraïbes, et qui les massacrèrent, en conservant les femmes dont ils firent leurs épouses ou leurs esclaves. Les vainqueurs donnèrent à l’île le nom de Karukera ou Carucueira. Colomb imposa à la contrée découverte le nom de Guadeloupe. Les Espagnols séjournèrent pendant dix jours dans ce pays, où ils laissèrent plusieurs paires de cochons qui pullulèrent d’une façon exponentielle.

L’île de la Guadeloupe, située entre le 15° 59′ 30″ et 16° 40′ de latitude nord, et entre les 63° 20′ et 64° 9′ de longitude occidentale, est divisée en deux parties séparées par un bras de mer appelé Rivière-Salée. L’île occidentale est désignée sous le nom de Guadeloupe proprement dite, et l’île orientale est désignée sous le nom de Grande-Terre. Le climat est doux, la chaleur supportable ; la chaleur moyenne est de 26° centigrades ; le maximum de son élévation varie, suivant la saison, entre 30 et 32° à l’ombre, et le minimum entre 20 et 22°. La chaleur est tempérée par deux brises alternatives et régulières : la brise de mer, qui souffle pendant le jour, et la brise de terre, qui dure presque toute la nuit.

Deux saisons partagent l’année : l’une, plus fraîche et plus sêche, de décembre à mai ; l’autre, plus chaude et plus humide, de juin à novembre. Cinq années d’observations ont permis de constater qu’il y avait, à la Guadeloupe, de 180 à 253 jours nébuleux dans l’année ; de 91 à 180 jours sereins, ce qui donne, en moyenne, 130 jours sereins et 217 jours de pluie par grains plus ou moins fréquents, 35 à 40 jours de pluie diluvienne. Le terme moyen de la quantité de pluie annuelle est de 80 pouces au niveau de la mer, dans la partie volcanique, et de 41 pouces dans la partie calcaire.

L’ouragan, mot caraïbe conservé par les européens, ne se développe que dans le nord des Antilles, n’exerce ses ravages que sur les îles de l’Archipel, à l’exception de la trinidad et de tobago, peu distantes du continent. L’ouragan des Antilles est le phénomène le plus térrible dû aux perturbations du globe. Les tempêtes qui ravagent les autres parties de la terre n’ont ni ses effets désastreux, ni son étendue, ni sa persistance. La violence extraordinaire de cet épouvantable agent de destruction est accrue par la présence des volcans dans toute la chaine des îles. Dans tous les ouragans, les effets destructeurs ne dépassent guère 450 à 500 mètres de hauteur, ce qui prouve que l’ouragan des Antilles est le produit de la raréfaction de l’air par la haute température des eaux de la mer Caraïbe, et que cette raréfaction provient de l’état superficiel des eaux qui, ayant une chaleur plus grande que celle de l’air, leur abandonnent leur quantité excédante de calorique.

Le ciel des Antilles est d’une magnificience sans égale dans les saisons sè-