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Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/29

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— Oui, répondit l’orateur. Les contrevents de la maison sont fermés nuit et jour. Aucun bruit ! jamais de lumière ! apparences suspectes. A coup sûr, ce sont des royalistes ; et l’on devrait charger un citoyen, bien connu pour son patriotisme, de s’introduire dans l’intérieur de cette maison.

— Mort aux aristocrates ! s’écrièrent les plus ardents des patriotes.

— Hélas ! pensa Barbare, cette jeune fille et son père sont perdus, si je n’interviens !

Il entra dans la salle. Mais ses jambes tremblaient et le sang lui affluait au cœur.

— Allons ! Pas de faiblesse ! se dit-il en essayant de vaincre son émotion. Du courage ! de l’audace ! je la sauverai encore une fois !

Puis, l’œil étincelant et l’air résolu, il passa de nouveau à travers la foule et s’approcha de la tribune.

— Citoyen, dit-il à l’orateur, en le regardant en face, es-tu sûr de ce que tu avances ?

— Moi ?… Moi ? balbutia l’homme du peuple, que l’air menaçant de son interlocuteur troubla profondément… Je n’ai que des soupçons… et, d’ailleurs, je n’habite pas le quartier où se trouve la maison suspecte.