Page:Laveaux - Dictionnaire du langage vicieux, 1835.djvu/25

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LOCUT. VIC.

Vous avez abîmé mon habit.

LOCUT. CORR.

Vous avez gâté mon habit.

Quand on dit : Lisbonne fut abîmée par un tremblement de terre ; Don Juan fut abîmé à cause de ses crimes; cet homme était abîmé dans ses douloureuses réflexions, on s’énonce purement : abîmer, dont la signification est grave, est fort bien placé dans ces phrases; mais lorsqu’on se sert de ce verbe pour dire qu’une robe a été salie ou un habit gâté, on ne fait plus qu’une ridicule hyperbole. En langage correct, un habit abîmé n’est autre chose qu’un habit tombé dans un abîme. Le Dictionnaire de l’Académie (édit. de 1809.) donne la phrase d’exemple suivante : Ce meuble est abîmé de taches. Nous ne voyons là qu’une erreur, attendu que l’usage de nos bons écrivains, et le sentiment de nos meilleurs grammairiens sont opposés à cette manière de parler.

ABOUTONNER.

LOCUT. VIC.

Aboutonnez votre habit.

LOCUT. CORR. 

Boutonnez votre habit.

Les Italiens disent Abbotonare pour boutonner. C’est probablement de ce verbe que nous sera venu le verbe aboutonner, que Féraud qualifie de barbarisme, et qu’il serait certainement plus juste et plus poli de nommer un