Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gêrnôt, vaillant parmi les Burgondes, parla : — « Vous pleurez trop longtemps la mort de Siegfrid, ô dame. Le roi veut vous démontrer que ce n’est pas lui qui l’a tué. On vous entend toujours gémir si lamentablement. »

Elle répondit : — « Personne ne l’en accuse. C’est la main de Hagene qui a frappé Siegfrid. Quand il apprit de moi où l’on pouvait le blesser, comment pouvais-je deviner la haine qu’il lui portait. Ah ! que n’ai-je évité, ajouta la reine,

« De trahir le secret de son beau corps ? Je n’aurais pas à pleurer maintenant, pauvre femme désolée ! Jamais, je ne pardonnerai à ceux qui ont commis le crime. » Gîselher, le charmant jeune homme, commença de la supplier.

Elle dit : — « Je le saluerai, puisque vous l’exigez de moi. Mais la faute, et elle est grande, en est à vous. Le roi m’a causé tant de maux sans que je les aie mérités ! Ma bouche lui accordera le pardon, mais mon cœur lui est à jamais fermé. »

— « Tout ira mieux plus tard, dirent ses parents. Peut-être fera-t-il que vous soyez encore heureuse. » — « Oui, il vous consolera, dit Gêrnôt le héros. » La femme accablée de douleurs répondit : « Voyez, je fais ce que vous voulez.

« Je ne me refuse plus à saluer le roi. » Elle y consentant, il se présenta devant elle avec ses meilleurs amis. Mais Hagene n’osa paraître en sa présence ; il avait conscience de son crime ; il lui aurait fait trop de mal.

Comme elle voulait bien mettre en oubli sa haine contre Gunther, il convenait qu’il l’embrassât. Si le malheur ne l’avait point frappée par sa faute, il aurait mi hardiment aller la visiter.