Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/175

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Le roi Gunther répondit : — « Son corps et son bien sont à elle. Comment l’empêcherais-je d’en faire ce qu’elle veut ? J’ai obtenu avec peine qu’elle cessât de m’en vouloir. Eh ! qu’importe à qui elle distribue ses pierreries et son or rouge ? »

Hagene dit au roi : — « Un homme habile ne laisserait rien de ce trésor à la disposition d’une femme. Avec ses dons, elle fera tant, qu’un jour viendra où les braves Burgondes pourront bien se repentir de l’avoir laissée faire. »

Le roi Gunther reprit : — « Je lui ai fait le serment que je ne lui causerais plus jamais de peine, et ce serment je veux le tenir ; elle est ma sœur. » — Mais Hagene répliqua : « Eh bien, que je sois, moi, le coupable ! »

Les serments qu’ils avaient faits ne furent point respectés. Ils enlevèrent à la veuve ses immenses richesses. Hagene s’était emparé de toutes les clefs. Gêrnôt entra en fureur quand il apprit cette nouvelle.

Le seigneur Gîselher parla : — « Hagene a commis une grave offense envers ma sœur ; je m’y opposerai. Et s’il n’était mon parent, il le paierait de sa vie. » Derechef la femme de Siegfrid recommença de pleurer.

Alors le seigneur Gêrnôt dit : — « Plutôt que de troubler notre repos par cet or, il nous le faut jeter dans le Rhin, afin qu’il n’appartienne à personne. » Kriemhilt alla en gémissant se placer devant son frère Gîselher.

Elle dit : — « Frère chéri, pense à moi. Il faut que tu sois le protecteur et de mon corps et de mes biens. » — Il répondit à la dame : — « Il en sera fait ainsi, quand nous serons de retour ; maintenant nous avons l’intention de chevaucher. »

Le roi et ses parents sortirent du pays, du moins les