Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/232

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femme du roi le pria de demeurer près d’elle. Cette nuit encore, elle serra son beau corps dans ses bras.

Un bruit de trompettes et de flûtes s’éleva le matin de bonne heure, au moment du départ. L’ami embrassa encore tendrement ceux qu’il aimait. La femme du roi Etzel les sépara bientôt d’une façon si cruelle !

Les fils de la belle Uote avaient un homme-lige hardi et fidèle. Au moment de leur départ il avoua en secret au roi ce qu’il avait sur le cœur ; il dit : « II me faut gémir de ce que vous fassiez ce voyage à la cour du roi Etzel. »

Il s’appelait Rûmolt, et c’était un héros à la main prompte. Il ajouta : — « À qui comptez-vous laisser vos gens et votre pays ? Personne ne peut-il donc, ô guerriers, vous détourner de votre projet ? L’invitation de Kriemhilt ne me parait pas de bon aloi. »

— « Que le pays te soit confié et aussi mon petit enfant, répondit le roi, et protège bien les femmes : telle est ma volonté. Console le cœur de celui que tu verras pleurer. La femme du roi Etzel ne nous fit jamais de mal. »

Les chevaux étaient prêts pour les rois et pour leurs hommes. Maints chevaliers, qui menaient vie honorable, se séparèrent, avec de tendres baisers, de leurs belles femmes, qui devaient, bientôt, les pleurer amèrement.

Quand les guerriers rapides partirent sur leurs chevaux, on vit les femmes demeurer là tout affligées. Leur cœur leur prédisait que cette longue séparation devait leur causer de grands chagrins. Pareilles appréhensions attristent toujours l’âme.

Quand les rapides Burgondes se mirent en marche, un cri de désolation traversa le pays ; des deux côtés des