Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les leur offrit si cordialement. Et pourtant ils devinrent ses ennemis au point de le tuer.

Volkêr, le très agile, alla courtoisement se placer devant Gœtelint avec sa viole ; il lui joua ses plus doux accords et chanta son lai. Ce fut ainsi qu’il prit congé, en partant de Bechelâren.

La margrave se fit alors apporter un coffret. Vous pouvez ouïr quels furent ses dons affectueux : elle y prit douze bracelets et les remit aux mains du guerrier. — « Vous les prendrez avec vous au pays d’Etzel,

« Et pour l’amour de moi, vous les porterez à la cour, afin qu’à votre retour, on puisse me dire comment vous m’avez servie à la fête. » Il accomplit depuis tout ce que la dame avait désiré.

Le seigneur dit aux étrangers : — « Afin que vous cheminiez plus agréablement, je vous conduirai moi-même, et je vous ferai respecter de telle sorte, que personne ne puisse vous molester en chemin. » Les bêtes de somme furent chargées en toute hâte.

Ruedigêr était prêt avec cinq cents hommes, des chevaux et des vêtements qu’il emmenait gaîment avec lui à la fête. Aucun d’eux ne revint vivant à Bechelâren.

Le seigneur en partant embrassa tendrement son amie ; ainsi fit aussi Gîselher, comme le lui conseillait sa vertu. Ils baisaient leurs belles femmes, les tenant dans leurs bras. Depuis lors les yeux de maintes jeunes dames versèrent des larmes.

Partout les fenêtres s’ouvrirent. Ruedigêr avec ses hommes allait monter à cheval. Leur cœur leur prédisait d’affreux malheurs. Maintes femmes pleuraient et aussi maintes vierges.