Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/290

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pitalité et cette joie furent remplacés par des gémissements.

Comme on ne pouvait autrement provoquer le combat, Kriemhilt — son ancienne douleur était toujours là au fond de son âme — fît porter à table le fils d’Etzel. Comment, pour se venger, une femme pourrait-elle agir plus cruellement ?

Voici venir aussitôt quatre hommes-liges d’Etzel. Ils portèrent Ortlieb, le jeune prince à la table du roi, où Hagene était également assis. L’enfant devait mourir sous les coups de sa haine mortelle.

Quand le roi vit son fils, il parla affectueusement aux parents de sa femme : — « Voyez, mes amis, c’est mon fils unique, celui de votre sœur. Aussi tous vous serez bons pour lui.

« S’il se développe en raison de son origine, il deviendra un homme hardi, puissant et très noble, fort et bien fait. Si je vis encore quelque temps, je lui donnerai douze royaumes, et alors la main du jeune Ortlieb pourra bien vous servir.

« C’est pourquoi, je vous en prie, mes chers amis, quand vous retournerez vers le Rhin, emmenez avec vous le fils de votre sœur et agissez avec affection envers cet enfant.

« Élevez-le dans des idées d’honneur, jusqu’à ce qu’il devienne homme. Et si quelqu’un en votre pays vous a offensés, il vous aidera à vous venger, quand ses forces seront venues. » Kriemhilt, la femme du roi Etzel, entendit ce discours.

— « Oui, ces guerriers pourront se confier à lui, dit Hagene, s’il atteint l’âge d’homme, mais ce jeune roi est pré-