Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/328

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— « J’ignore ce qui peut ainsi vous réjouir, dit le ménestrel. Où avez-vous jamais vu s’avancer tant de guerriers, le heaume en tête, l’épée à la main, dans une intention de paix et d’accommodement ? Ruedigêr veut mériter à nos dépens ses burgs et ses terres. »

Avant que le joueur de viole eût achevé ce discours, le noble Ruedigêr était devant le palais. Il déposa à ses pieds son bon bouclier. Il ne pouvait plus offrir à ses amis ni ses services ni ses salutations.

Le noble margrave jeta ces mots dans la salle : — « Maintenant, vaillants Nibelungen, il faut songer à vous défendre. Vous deviez jouir de mon amitié, et à présent vous devez repousser mes attaques. Naguère nous étions amis, et en ce moment je dois renoncer à cette alliance. »

Cette nouvelle terrifia ces hommes affligés, car nul d’entre eux ne fut satisfait de devoir combattre celui auquel ils étaient dévoués. Ils avaient déjà reçu tant de rudes assauts de leurs ennemis !

— « Veuille le Dieu du ciel, dit Gunther, la vaillante épée, que vous puissiez encore faire miséricorde et nous montrer cette amitié sur laquelle nous comptions. Je me confie en vous ; non, vous ne ferez point ce que vous avez dit. »

— « Je ne puis agir autrement, dit l’homme intrépide ; je dois vous combattre car je l’ai promis. Défendez-vous donc, héros valeureux, si votre vie vous est chère. La femme du roi Etzel ne veut point m’en dispenser. »

— « Vous nous provoquez trop tard, dit le roi illustre. Dieu vous récompensera, très noble Ruedigêr, du dévoûment et de l’affection que vous nous avez montrés, si vous voulez persévérer dans vos sentiments affectueux à notre égard.