ces guerriers, vous n’auriez pas dû rompre la paix que j’avais contractée avec eux. Si je ne craignais la honte, vous perdriez la vie. »
— « Ne vous irritez pas trop vite, mon seigneur Dietrîch ; vraiment en moi et en mes amis le dommage est trop grand. Nous voulions emporter le corps de Ruedigêr, mais les hommes du roi Gunther ne voulurent point le permettre. »
— « Malheur à moi ! quelle douleur ! Ruedigêr est-il mort. Je le pleurerai toujours. Ah ! mon désespoir est profond. La noble Gœtelint est la fille de la sœur de mon père. Malheur aux pauvres orphelins, qui sont à Bechelâren ! »
Cette mort lui apportait le deuil et l’affliction. Il se prit à pleurer ; il ne pouvait s’en défendre : — « Hélas ! fidèle appui que j’ai perdu ! Je ne cesserai jamais de pleurer l’homme-lige du roi Etzel.
« Pouvez-vous me dire exactement, maître Hildebrant, quel est le guerrier qui l’a tué ? » Il répondit : — « C’est le fort Gêrnôt, mais des mains de Ruedigêr, ce héros a été frappé à mort. »
Dietrîch dit à Hildebrant : — « Dites à mes hommes qu’ils s’arment en hâte ; je veux y aller moi-même. Dites qu’on m’apporte ma brillante armure de bataille ; je veux, en personne, interroger les héros du pays burgonde. »
Maitre Hildebrant reprit : — « Qui donc vous accompagnera ! Tout ce qu’il vous reste de vivant, vous le voyez à vos côtés. Je suis le dernier de vos fidèles ; les autres sont morts. » Il fut atterré de cette nouvelle, et certes c’était avec raison.
Car jamais en ce monde, il n’éprouva si amère douleur.