Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/352

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— « Renoncez à votre demande, reprit Hagene, il ne nous convient pas qu’on dise jamais de nous que deux si vaillants hommes se soient rendus, car auprès de vous, on ne voit personne que le seul Hildebrant. »

Maître Hildebrant prit la parole : — « Dieu sait, seigneur Hagene, que cette paix que mon chef offre de conclure avec vous, le moment viendra où vous la désirerez en vain. Vous devriez accepter avec empressement la composition dont il se contente. »

— « Oui, j’accepterais cette composition, dit Hagene, plutôt que de fuir honteusement le champ du combat, ainsi que vous l’avez fait, maître Hildebrant. Sur ma foi, je pensais que vous saviez mieux tenir tête à l’ennemi. »

Hildebrant répondit : — « Pourquoi m’adresser ce reproche ? Qui donc était assis sur son bouclier au Wasgenstein, tandis que Walther d’Espagne lui tuait un grand nombre de ses parents [1] ? Il y a assez à dire sur votre propre compte à vous. »

Le seigneur Dietrîch parla : — « Il ne convient pas à des héros de s’adresser ainsi des injures, comme font les vieilles femmes. Je vous défends, maître Hildebrant, d’en dire davantage. Une assez grande douleur m’afflige, moi, guerrier exilé.

« Maintenant, ajouta Dietrîch, répétez-moi, vaillant Hagene, ce que vous vous disiez entre vous, ô guerriers

  1. Hildebrant fait allusion à un combat entre Walfher d’Aquitaine et les rois burgondes. Cet épisode de la tradition épique nous a été conservé dans un poème latin intitulé : Waltharius manu fortis, qui fut composé en l’an 920 par Eckehard, abbé de Saint-Gall. — Voir l’édition de J. Grimm, Gœttingen, 1958.