Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/40

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leur pays, que leur outrecuidance se changera en affliction. »

Quittant le Rhin, ils chevauchèrent avec leurs guerriers à travers la Hesse, contre le pays des Sahsen, où bientôt on combattit. Par pillage et incendie ils dévastèrent tellement le pays, que les deux chefs l’apprirent avec douleur :

Ils arrivèrent sur la Marche ; les écuyers se hâtaient. Siegfrid, le très fort, se prit à demander : — « Qui sera chargé de défendre notre suite maintenant ? Jamais chevauchée n’a été plus destructive pour les Sahsen. »

Ils répondirent : — « Que les jeunes gens veillent sur les chemins avec le hardi Dancwart ; c’est un guerrier rapide, nous en perdrons d’autant moins de monde par la main des hommes de Liudgêr. Que lui et Ortwîn forment aujourd’hui l’arrière-garde. »

— « Moi-même je chevaucherai, dit Siegfrid, la bonne épée, et je ferai bonne garde contre les ennemis, jusqu’à ce que je parvienne à rencontrer ces guerriers. » Et il fut bientôt armé, le fils de la belle Sigelint.

Comme il voulait avancer, il confia l’armée à Hagene et à Gêrnôt, ces hommes très braves. Puis il chevaucha seul vers le pays des Sahsen. En ce jour, plus d’un casque fut brisé par lui.

Il vit devant lui, campée dans la plaine, une grande armée, qui surpassait innombrablement sa troupe. Ils étaient bien quarante mille ou encore plus. Plein d’une noble ardeur, Siegfrid les voyait avec grande joie.

Là aussi un guerrier s’était avancé contre l’ennemi pour faire la garde, et il était très vigilant. Le seigneur Siegfrid le vit, et ce brave guerrier vit Siegfrid. Aussitôt tous deux commencèrent à se surveiller l’un l’autre.