Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/60

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bonheur. Il en résulta que chaque jour il vit la belle Kriemhilt.

Le chef demeura là pour sa beauté sans mesure. On passa le temps en maints divertissements, mais l’amour le tenait ; il en éprouvait souvent l’angoisse. Par suite de cet amour il souffrit depuis une mort lamentable.

VI. COMMENT GUNTHER ALLA EN ISLANDE VERS BRUNHILT

Derechef des récits se répandirent sur le Rhin. On disait que là-bas, bien loin, il y avait maintes vierges, et le courageux Gunther songeait à en conquérir une. Cela parut bon à ses guerriers et aux chefs.

Au delà de la mer siégeait une reine ; nulle part on ne vit plus la pareille. Elle était démesurément belle et sa force était très grande. Elle joutait de la lance contre les héros rapides qui venaient pour obtenir son amour.

Elle lançait une pierre au loin et bondissait après à une grande distance. Celui qui désirait son amour, devait sans faillir vaincre en trois épreuves cette femme de haute puissance ; s’il perdait en une seule, sa tête était tranchée.

La jeune fille l’avait fait très souvent. Le chevalier l’apprit aux bords du Rhin ; il le savait fort bien, et pourtant son âme se tournait sans cesse vers cette belle femme. Bien des guerriers depuis en perdirent la vie.

Un jour Gunther et ses hommes étaient assis, réfléchissant et cherchant de toute façon quelle femme leur seigneur pourrait prendre, qui lui convînt pour épouse et qui convînt au pays.

Le chef du Rhin parla : — « Je veux traverser la mer