Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/77

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« Cela me peine durement que je sois venu dans cette contrée. Si mon frère Hagene avait ses armes et moi les miennes, tons ces hommes de Brunhilt rabattraient un peu de leur fierté.

« Je vous le dis, par ma foi, ils se garderaient de trop d’arrogance. Et quand j’aurais juré mille fois la paix, avant que de voir périr mon chef que j’aime, oui, cette belle vierge perdrait la vie. »

— « Certes nous quitterions librement ce pays, dit son frère Hagene, si nous avions nos armures qui nous sont si nécessaires et aussi nos bonnes épées ; nous saurions bien adoucir l’arrogance de cette belle femme. »

La noble vierge comprit très bien ce que dit le guerrier. La bouche souriante, elle les regarda par dessus l’épaule : — « Puisqu’ils se croient si braves, qu’on leur apporte leurs armures. Remettez aux mains de ces héros leurs armes aiguisées.

« Qu’ils soient armés, cela m’est aussi égal que s’ils étaient là tout nus, — ainsi parla la reine. — Je ne crains la force d’aucun homme que je connaisse. Je compte bien lutter dans le combat contre le bras de qui que ce soit. »

Quand ils reçurent leurs épées, suivant l’ordre de la vierge, le brave Dancwart devint rouge de joie. — « Maintenant joutez comme vous voudrez, dit l’homme intrépide : Gunter est invincible depuis que nous avons nos épées. »

La force de Brunhilt se montra d’une façon effroyable. On lui apporta dans le cercle une lourde pierre, grande et monstrueuse, ronde et énorme. Douze guerriers braves et rapides la portaient avec effort.

Elle avait coutume de la jeter quand elle avait lancé