Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/131

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le simulacre ou plutôt la réalisation posthume du vol dont sa mère lui prêtait la pensée et qu’elle avait tant redouté sa vie durant ?

Jean secoua la tête.

— Non, pas cela, — ajouta-t-il avec un petit frisson ; — ce serait une mauvaise action… je ne pourrais pas, je le sens.

— Que tu es bête !… je vais le faire moi-même alors… Va me chercher un marteau au lieu de rester là, les bras pendants et l’air idiot.

— Non, Louise, je t’en prie ; sois patiente. J’en aurais trop de peine… Nous avons bien le temps… Fouillons encore…

Ils s’acharnèrent en recherches vaines.

— C’est si simple pourtant… Es-tu nigaud pourtant ! — répétait sans cesse Louise.

Jean était entré maintenant dans la cuisine et mettait sens dessus dessous les objets enfermés dans les placards de la cheminée.

— Mais non, — lui cria Louise, agacée ; — qu’as-tu à farfouiller, là-bas ?… Tu sais bien qu’elle ne sortait presque jamais de sa chambre… elles ne peuvent être qu’ici, dans quelque trou.

Jean revint. Ses yeux se portèrent aussitôt sur le lit qui, creusé au milieu, gardait encore l’empreinte du cadavre. Il n’y songea même pas.

— Sommes-nous bêtes ! — s’exclama-t-il presque joyeusement. — Je parie qu’elles sont dans la paillasse.

Il courut vers le lit ; d’un geste prompt, il rejeta les draps, bouscula le matelas et découvrit la paillasse qui s’était tout affaissée et aplatie pendant la maladie de Caussette. Avidement il y plongea les mains, les promena en tous sens dans la paille de maïs qui bruissait et qu’il retirait à pleines poignées aussitôt éparpillées sur le sol. Rose et Paul, qui venaient d’entrer, regardaient fort intéressés mais ne comprenant pas.