Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/132

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Paul dit :

— Papa, pourquoi que tu fais le lit de mamelle, puisqu'on l'a emportée dans la grande boîte?

Et la petite Rose ajouta, comme en écho :

— Dodo, mamette... partie dans la grosse boîte.

— Pardi, — fit Jean tout à coup avec un sourire d'aise, — j'en étais sûr... les voilà.

Sa main élevait un petit paquet qu'il secoua en riant, ce qui produisit un très léger cliquetis de fer. Le paquet était fait d'un mouchoir lié par plusieurs nœuds si serrés qu'il fallait avoir comme Caussette les doigts maigres et aussi crochus que des pinces pour les défaire. Dans son empressement, Jean se cassa un ongle.

— Sapristi! —s'écria-t -il, en suçant son doigt douloureux, — en voilà des précautions!...

Enfin Louise plus adroite y réussit et délit le dernier nœud. Enveloppées dans des morceaux de chiffon, deux petites clés, luisant comme les objets en fer d'un usage journalier, tombèrent sur le pavé.

Sous les doigts enfiévrés de Coste, la serrure vieille et rouillée résista un moment.

— Nom de Dieu! — cria durement Jean impatienté — nous n'y arriverons donc jamais... Ils n'étaient pas faciles à voler, ses écus!

La malle ouverte, Louise et lui firent voler dans la chambre les vieilles hardes de Caussette. Rose et Paul s'emparèrent de ces pauvres défroques et s'en amusèrent.

Enfin, dans un coin, sous une pile de mouchoirs rayés de jaune et de bleu, un second paquet, assez volumineux, apparut. Il contenait un sachet de toile grise — de ceux où on met le plomb de chasse — noué d'une ficelle. Son tintement clair résonna à leurs oreilles tel qu'une musique délicieuse. Jean et Louise le soupesaient et le secouaient tour à tour, jouissant naïvement de ce carillon argentin. Maintenant, ils