Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/105

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mémoire qui doit retenir quelques préceptes plus ou moins significatifs, c’est surtout au cœur qu’il faut frapper et arriver. Vous n’aurez rien fait, si le cœur de l’enfant n’a pas tressailli, s’il ne s’est pas senti ému…

Suivirent d’autres conseils, devenus banals à force d’être répétés par les pédagogues, et qui ne valent vraiment que s’ils sont mis en œuvre, sous les yeux de l’instituteur, non par de vaines paroles, mais par un éducateur de talent qui agit. Tâche difficile et délicate entre toutes, car elle demande au maître un peu de son âme.

— La séance est levée, messieurs, — dit l’inspecteur. — Comme il est à peine onze heures, je vous prie d’être là à une heure précise. Vous pourrez ainsi partir plus tôt ou consacrer à vos affaires la fin de l’après-midi. On sortit. Devant l’air pitoyable et navré du malheureux Coste qui s’en allait le dernier, l’inspecteur le retint et eut encore quelques bonnes paroles pour lui.

— Oui, monsieur l’inspecteur, — avoua-t —il à demi, — l’émotion m’a coupé bras et jambes. Je ne savais plus ce que je disais.

Son amour-propre l’empêcha de donner d’autres excuses.

— Vous tâcherez de faire mieux, une autre fois… Allons, du courage… Avant peu, j’irai vous voir dans votre classe, — conclut l’inspecteur.

Cependant, Coste parti, il crut de son devoir de consigner ainsi sur son carnet l’impression produite : Parait être un instituteur des plus médiocres. A voir prochainement. Tenue négligée.

Et comme le directeur de l’école du canton l’accompagnait, il lui demanda des renseignements sur Coste.

— C’est la première fois, — répondit le directeur, — que je vois M. Coste. Il est à Maleval depuis six mois et jamais il ne s’est présenté ici.

Au dehors, l’inspecteur n’osa appeler Mlle Bonniol qui