Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/139

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alors de leur situation, de leurs maigres ressources, de leur vie humble et difficile, ainsi que de Maleval et de ses habitants. Peu à peu, ils devenaient plus confiants, plus amis et jouissaient de l’intimité qui était née presque dès le début de leur entretien.

Coste resta plus d’une heure. Quand il sortit, curé et instituteur, sans avoir touché un mot des questions capables de les diviser momentanément, unirent leur misère et leur humilité communes dans une cordiale poignée de main.

En le reconduisant, l’abbé Clozel lui dit avec un malicieux sourire :

— Quoique très proches voisins, je ne vous demande pas de venir souvent me voir au presbytère… Ce qui ne tire pas à conséquence pour Mlle Bonniol, une femme, qui, de plus, est depuis longtemps à Maleval, pourrait vous desservir vous, nouveau venu et électeur influent… Nous avons, ici, quelques esprits intransigeants et pointilleux… Ils sont rares, mais enfin le mieux est de vous abstenir… Comme on l’a dit, le prêtre à l’église, l’instituteur à l’école… Mais on est des hommes malgré tout et ça n’empêche pas de s’estimer… Enfin quand on se rencontrera, je crois que personne ne verra du mal à ce que nous causions en bons amis…

—Mais certainement, monsieur le curé, — répondit Coste en riant de cette rondeur aimable que le prêtre mettait dans ses propos.

Dès lors, en effet, les deux hommes s’arrêtèrent parfois à bavarder, l’après-midi surtout, au moment où Coste surveillait la sortie de ses élèves et où le curé rentrait à son presbytère, après sa promenade coutumière. Et personne n’eut l’air de désapprouver ces rencontres et de faire un crime à Coste de vivre en excellents termes de voisinage avec le respectable prêtre.

Huit jours après, une lettre du notaire prévenait Coste que son champ avait trouvé acquéreur au prix de trois cent