Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/186

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La veille de la Noël, il se coucha, morose, sans s'apercevoir que Rose et Paul avaient mystérieusement déposé leurs petites chaussures dans la cheminée de leur chambre. Le lendemain, il se leva aussi oublieux et se mit à vaquer aux soins du ménage, machinalement.

Tout à coup, il s'entendit appeler par la voix de Louise.

— Jean, — disait-elle, — vois donc ce qu'ont les enfants ; je les entends pleurer.

Il pénétra dans la chambre. Rose et Paul, en chemise, leurs pieds et leurs menottes rouges de froid, étaient accroupis devant les chaussures vides, déposées dans les cendres du foyer, et de grosses larmes ruisselaient sur leurs joues bleuies.

Dès leur éveil, ils avaient risqué un regard vers la cheminée, étonnés de ne pas voir un paquet blanc ou des jouets déborder de leurs chaussures.

— C'est peut-être caché au fond, — avait dit Paul.

Suivi de Rose, il avait glissé à bas de son lit et leur déconvenue avait été telle que les deux petits, fondant en pleurs, étaient restés là, assis à croupetons, ne détachant pas leurs regards de leurs souliers vides.

Ce tableau pitoyable fendit le cœur de Jean.

— Ah ! mes pauvres chéris, — sanglota-t-il en les embrassant.

Vite, il les recoucha. Le silence, le regard interrogateur des enfants lui firent mal. Il s'empressa de dire, feignant l'étonnement :

— Pas possible que petit Noël ait oublié des bébés si sages... Ah ! j'y suis. Pardi! c'est parce qu'il a fait très froid et qu'il a tombé de la neige cette nuit qu'il n'est pas venu... Restez dans votre lit et je m'en vais voir si je le rencontre.

Les traits de Rose et de Paul se détendirent aussitôt dans un sourire.

— Oui, oui, va vite, petit père, — s'écria le garçonnet impatient, — vite, car il pourrait partir, petit Noël.