Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/99

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mise, en tout cas, ne décelait pas la gêne ; par des miracles d’économie, possibles à une femme seule, on voyait même les simples stagiaires à huit cents francs avec une toilette soignée, coquette même chez celles qui avaient du goût. Elles ne se plaignaient presque pas, se contentaient d’écouter et d’approuver du sourire les doléances de ces messieurs.

On riait encore des saillies de Bertrand, que le directeur de l’école parut sur le seuil de la porte.

— Monsieur l’inspecteur est là, — dit-il.

XV

On s’empressa aussitôt de pénétrer dans la classe où se tiennent les conférences. Les instituteurs s’assirent aux tables des élèves, les institutrices sur des chaises alignées de chaque côté, le long des murs.

Coste se glissa aux derniers rangs, avec les adjoints. Il se faisait petit, tout petit, heureux maintenant de se sentir à l’abri des regards indiscrets. Le silence se fit dans la salle, car l’inspecteur était craint et, à tort ou à raison, ne passait pas pour être des plus commodes.

Pour le moment, raide sur l’estrade, il compulsait quelques papiers étalés sur la chaire. C’était un bel homme de trente-cinq à quarante ans, la barbe très noire et taillée en pointe, le teint brun, le front large et découvert, le regard droit mais un peu dur. Brusquement, il redressa la tête et, d’un coup d’œil circulaire, — le regard du chef — il s’assura que personne ne manquait. Très élégant, il cambrait sa taille bien prise dans une redingote aux revers de soie, la boutonnière décorée d’un discret ruban violet. Tout à l’importance