Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/137

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– Fort bien. Veuillez m’envoyer Mlle Lichtlin le plus tôt possible, je vous prie. »

La supérieure se leva, et Mme de Haütern, un peu déconcertée par son air imposant, fit la révérence et partit.

Le soir même, Sabine fut amenée au monastère. Une sœur qui avait été sa maîtresse de classe l’accueillit avec la gracieuse cordialité des filles de saint François de Sales. Elle l’installa dans une petite cellule, s’informa si rien ne lui manquait, et l’avertit qu’elle aurait une audience de la mère de Leyen le lendemain à deux heures.

« D’ici là, mon enfant, lui dit-elle, vous serez servie dans votre cellule, et libre d’aller à la chapelle tant qu’il vous plaira, mais vous ne verrez nos sœurs et nos filles du petit habit qu’après avoir pris l’obédience de notre supérieure : Adieu, ma chère enfant.

– Oh ! maman Albertine, dit Sabine en pleurant, ne me quittez pas encore ! J’ai tant de peine ! Si vous saviez quelles scènes j’ai supportées ces jours-ci !

– Mon enfant, dit sœur Albertine, la cloche m’appelle. Priez Dieu, et surtout, demain, dites tout ce que vous avez sur le cœur à notre bonne mère. Tout, entendez-le bien.

– Ainsi ferai-je, maman, je vous le promets. »

La religieuse l’embrassa au front et partit. Sabine se mit à sa fenêtre. Par-dessus les toits du monastère, elle apercevait la flèche de la cathédrale. Le temps était doux et les étoiles brillaient déjà. Elle pria longtemps ; puis, à la clarté d’une petite lampe, fit ses préparatifs du coucher, et s’endormit bientôt, avec la petite cassette sous son chevet.