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Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/141

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« Mon jeune ami, je vais quitter ce monde sans avoir pu vous rendre tous les services que j’aurais souhaité. Je n’ai pas parlé à Mlle S..., mais je lui ai écrit. Lorsque vous reviendrez en France, allez la voir, présentez-lui cette bague, semblable à celle que je lui ai donnée. Ces deux bagues servirent d’anneaux de fiançailles à mes parents. Puissent-elles être le gage de votre bonheur et de celui de ma jeune amie ! J’ai fait mon testament en sa faveur, mais je suis témoin que vous l’avez aimée pauvre, orpheline et sans espoir d’héritage. Adieu.

« Comte Braünn. »


« Beau neveu, dit Mme de Leyen, avec votre permission, je vais garder cette lettre et cette bague jusqu’à demain. Je désire les montrer à une jeune demoiselle qui est arrivée à la Visitation hier soir, et ce matin m’a fait une confidence et montré certaine lettre et certaine bagne qui ne sont pas sans quelque ressemblance avec les vôtres.

– Ciel ! s’écria Robert, est-ce possible ! Ah ! chère tante, que ne puis-je vous embrasser ! Ah ! je vous en supplie, dites à Mlle Lichtlin combien je...

– Chut ! Monsieur, vous oubliez que la sœur écoute ! dit en souriant la bonne supérieure ; j’engagerai Mlle Lichtlin à entrer en retraite, et à vous donner réponse dans quelques mois.

– Quelques mois, ma tante ! Oh ! ma chère bonne mère, dites quelques heures. Je voudrais me marier dans trois semaines au plus tard.

– Hélas ! neveu, on se récrie fort dans le monde de nous voir admettre les novices à la profession au bout d’un an d’épreuve, et on trouve tout simple de marier les gens en quelques jours. Songez, beau neveu, que Sabine ne vous a jamais vu.

– Rebecca avait-elle vu Isaac, ma tante ?

– Vous avez réponse à tout, Robert. Enfin revenez demain matin au parloir. Nous verrons si quelqu’un voudra bien m’y accompagner. Voici la cloche qui m’appelle. Adieu, mon cher enfant. »