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Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/46

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mes joyaux pour empêcher qu’on ne fasse une telle exécution, mais c’est inutile : mon grand-père l’a dit et le fera.

– À moi donc de sauver mes Écossais ! » dit la comtesse d’Annandale ; et, sans prendre congé, elle monta à cheval, ordonna à son écuyer et à ses pages de la suivre, et partit rapidement.

Luce courut sur la terrasse pour la suivre des yeux. Elle la vit s’enfoncer dans la forêt, et attendit en vain son retour. Ni comte ni comtesse, ni personne de leur suite, ne repartirent au château de Brix.

Quelques bûcherons les virent se dirigeant tous ensemble vers le sud. Ces bûcherons éteignirent le feu qu’avaient allumé les Écossais, et rapportèrent fidèlement à Havoise les morceaux restants de sa génisse. La bonne femme en remerciement les invita à souper, et, à la ferme, un joyeux repas termina l’aventure, tandis qu’au château le vieux baron, furieux, passa la nuit à déplorer l’insoumission de son fils et la décadence des mœurs de la noblesse normande.


VII

MESSAGE ROYAL


En ce temps-là les nouvelles ne se répandaient pas avec la même rapidité qu’aujourd’hui. On voyageait peu et difficilement, et les riches personnages seuls s’envoyaient des courriers. Le comte Robert avait promis à son père de lui écrire dès qu’il serait arrivé à la cour de Bretagne, et le baron pensait qu’il saisirait cette occasion pour présenter ses excuses à son père, et annoncer qu’il avait puni ses hommes d’armes ; mais aucun message ne vint de Bretagne, et il y avait déjà quinze jours que les hôtes du château en