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Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/54

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combat dura. quelques minutes, puis le bruit cessa, et le vent du nord n’apporta plus aux oreilles de Luce que des murmures confus et lointains qui allèrent en s’affaiblissant. Luce, tremblante, s’approcha d’un homme d’armes qu’Alain avait placé en sentinelle.

« Geoffroi, lui dit-elle, avez-vous entendu ?

– Oui, Mademoiselle, la troupe de lady Marjory a été attaquée sous bois.

– Que pensez-vous qu’elle soit devenue ? demanda Lace.

– Qui peut le deviner ? dit Geoffroi : au point du jour on ira voir ; bien fou celui qui sortirait à présent. Vainqueurs ou vaincus, les Écossais ont dû s’éloigner. C’est à la male heure qu’ils vinrent ici. Mais, Mademoiselle, le vent fraîchit, pour l’amour de Dieu ! rentrez ; ce n’est pas à vous à faire le guet.

– Vous avez raison, dit Luce. Adieu, Geoffroi.

Elle rentra chez elle et se mit tout habillée sur son lit, et de sinistres pressentiments la tinrent éveillée jusqu’à l’aube.


IX

TRAHISON


À peine les premières lueurs du matin commencèrent-elles à teinter de blanc le faîte du donjon, que deux personnes, dont le brouillard ne permettait pas de distinguer les traits, parurent sur l’escarpe du fossé du château et appelèrent Alain. Le vieil écuyer faisait alors la ronde matinale dont il avait l’habitude, et, malgré sa veille de la nuit précédente, il était, comme toujours, alerte et attentif. Il reconnût les voix qui l’appelaient.

« Qu’y a-t-il, Pierre ? Pourquoi amènes-tu Marie ?