Aller au contenu

Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

y rentra bientôt après, tenant une bannière blanche semée de fleurs de lis d’or. Il la remit à Luce de Brix, et lui parla à voix basse ; puis il la bénit et donna l’ordre de former la procession. La croix et le clergé sortirent d’abord, puis Luce s’avança portant la bannière et suivie par toutes les jeunes filles de Brix. Mme du Hommet et Gauthier de Poissy précédant, l’une les femmes, l’autre les hommes, se rangèrent ensuite, et, au chant de l’Ave, maris stella, la procession sortit de l’église et suivit lentement le chemin du château. À la vue de ces ruines encore fumantes, au souvenir du bon seigneur qu’ils avaient perdu, les pauvres vassaux de Brix pleuraient tous.

« Sainte Vierge ! disait la bonne Colette, c’est pour tuer notre demoiselle un spectacle pareil ! »

Mais Luce se tenait ferme et passa sans faiblir sur le pont à demi brûlé. On traversa la cour du château, jonchée de débris noircis par les flammes, et, arrivé aux ruines de la chapelle, le bienheureux enleva respectueusement du milieu des décombres la statue de la sainte Vierge restée intacte. Dès qu’il l’eut posée sur le petit brancard orné de fleurs qu’on avait préparé pour l’emporter, Luce remit sa bannière à Marie, et, s’avançant vers Thomas de Biville, lui demanda la permission de prendre place parmi les jeunes filles qui portaient le brancard. Le cortège se remit en marche, les chants recommencèrent, et, quand la procession fut rentrée à l’église et la statue placée au-dessus de l’autel, le bienheureux fit signe à Guillaume de venir s’agenouiller à côté de sa fiancée. Luce le regarda, lui sourit, et, lui montrant la statue miraculeuse, pria quelques instants, puis elle se releva, et s’alla jeter dans les bras de la mère de son fiancé en lui disant :

« Il est revenu, Madame, remercions la sainte Vierge. »

Et le bienheureux Thomas Hélie entonna le Magnificat.