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Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/158

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lèvres et boit ; mais Iseult lui arrache alors la coupe et achève de la vider, puis la jette au loin.

Tous deux, en proie à une émotion intense, se regardent avec extase ; dans l’attente du moment suprême, leurs yeux ne cherchent plus à celer le secret qui dévore leurs âmes ; enfin ils tombent dans les bras l’un de l’autre et restent longuement enlacés, tandis que Brangaine, se détournant avec accablement, commence à mesurer la portée de son erreur volontaire : au philtre de mort elle a substitué le breuvage d’amour !… Les deux amants, perdant le sentiment de la réalité, sont tout à leur mutuelle contemplation ; ils s’aperçoivent à peine du mouvement que produit autour d’eux l’arrivée au port. Iseult revêt machinalement le manteau royal ; Brangaine, pour la rappeler à elle, lui révèle alors avec désespoir la fatale substitution qu’elle a osé opérer. Tristan et Iseult se regardent éperdus ; Iseult tombe évanouie dans les bras de sa suivante, tandis que l’équipage acclame joyeusement l’arrivée du roi sur le navire.

2me Acte.

Scène i. — Le seuil de la demeure d’Iseult, accédant par des degrés à un parc planté de grands arbres et sur lequel il règne une nuit d’été claire et radieuse. Une torche allumée est placée près de la porte.

On entend au loin des fanfares de chasse qui s’affaiblissent peu à peu et auxquelles Brangaine, debout sur les marches, prête une oreille attentive. Iseult, en proie à une grande agitation, sort de ses appartements et interroge sa suivante. Elle attend impatiemment que la chasse royale se soit éloignée du palais pour donner le signal qui amènera Tristan à ses pieds ; mais Brangaine la supplie d’être prudente : elle soupçonne des pièges tendus