l’entendre jusqu’au bout : il a régulièrement le droit de terminer l’épreuve ; et d’ailleurs, ajoute le poète-cordonnier, est-il bien juste qu’il soit jugé par celui-là même qui est son rival en amour ?… À ces mots, le dépit de Beckmesser ne connaît plus de bornes. En vain Pogner veut-il calmer l’effervescence générale : la plupart des Maîtres prennent fait et cause contre Wallher, très énervé lui-même, et qui n’a guère pour le défendre que le bienveillant Sachs, dont l’âme d’artiste sympathise avec celle du jeune homme.
Beckmesser recommence avec un nouvel acharnement sa campagne de dénigrement ; tous se rangent de son côté, et c’est au milieu du tumulte général que Wallher, remontant à la tribune, entonne sa troisième et dernière strophe, dont il fait, dans l’excitation du désespoir, une critique amère à l’égard de ses persécuteurs.
Le bon Sachs admire la courageuse attitude du
gentilhomme ; mais elle ne sert qu’à lui attirer plus encore le
mécontentement des entêtés bourgeois, qui déclarent,
à l’unanimité, qu’il a perdu, perdu sans appel. Tout le
monde se sépare avec agitation. Les apprentis, se
mêlant aux Maîtres, ajoutent encore au désordre et à la
confusion. Ils entament de nouveau une ronde folle autour
de la loge du marqueur et essayent d’entraîner dans leur
sarabande Sachs, qui, resté enfin seul, témoigne par un
geste expressif de toute sa déconvenue et de son
découragement. Les assistants se dispersent.
Scène i. — La scène représente un côté de rue à Nuremberg, coupé au milieu par une ruelle qui va tourner à l’arrière-plan. Le coin qu’elle forme à droite est occupé par la maison de Pogner, riche habitation bour-